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Quelqu’un passe. Je vois ses traits, cigare,...

vendredi 20 avril 2018, par Anna Jouy

Quelqu’un passe. Je vois ses traits, cigare, rouge- ancien quelqu’un. Avais-je vraiment cru oublier ; des années passent. Pas encore l’effacement. Voilà que je sens mon coeur plié, mon coeur tordu, carrosserie de sens froissés. Quand étais-je si férocement personne ?

Quelqu’un passe. Mon visage tire comme un chien. Et en dedans, cet aboiement non dressé qui longe mon échine

Quelqu’un, qui ? Juste ce qu’il faut de peau, de gestes ou de cheveux pour surgir dans les angles morts de la route. Déjà j’invente à nouveau ses lignes, reconstruit de boue les traces blanches d’une face.

Quelqu’un fume. Léger nuage d’un nerf de neige. Il avale et ma douleur s’enroule comme une torche brûlante dans sa bouche. Je meurs tison d’infortune. On ne m’aime pas, on me consume.

Quelqu’un passe. Viendra-t-il signer dans ma main le sens de vie ? Ou vais-je terminer crachat sous les pierres, comme un point de course, un ultimatum de salive et pas un mot, pas un pas. J’aurai aimé pour rien.

Quelqu’un d’une main soulève les brumes du beau temps. Dans la chambre, je serre mes yeux, comme des fruits juteux. Je ne veux pas remonter de derrière le brouillard et connaître à nouveau la figure enfouie.

Quelqu’un fouille dans ma bouche. Les mots pour le dire. Il voudrait exister sans doute et que je le parle comme personne. Je mange mes lèvres. Ne reviens pas, ne reviens pas. Ou alors reste.

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