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écrire court. pourquoi pas. suivre exactement...

mardi 11 décembre 2018, par Anna Jouy

écrire court. pourquoi pas. suivre exactement la contenance du poumon, une respiration, rien de plus, une longue prise d’air, une lente expiration sur la feuille. Ce que j’appelle la page d’écriture qui est l’exercice précis de ma capacité respiratoire.
écrire sur la courte distance, écrire un cent mètres, rien de plus. bolide ou escargot, 100 mètres rien de plus
peut-être essayer un jour le 200 ou le 400 mètres avec des haies mais je sais être courte de souffle.
pas sur les pistes toutes prêtes, avec spectateurs. j’aime courir sur des chemins, comme ça ; et moins je suis certaine de la ligne finale mieux je suis. L’incertitude est le creux profond du souffle, c’est là qu’on élargit sa cage et qu’on se remplit.
écrire de simples pages, courir couvrir. ne pas chercher d’histoires mais cisailler dans l’immense volubilité du monde, des tranches à isoler pour s’y attarder et les révéler ? des chuchotements des bribes de conversations. faire de la littérature d’indiscrétion.
des saisissements, des arrêts sur histoire. ensuite lâcher prise et voir s’envoler le début, le milieu ou la fin de ces fables. j’ai travaillé des centaines de feuilles sur cette idée sans même la définir. et puis maintenant je sais ce que je fais et ce qu’est mon juste souffle.

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