Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 121

jeudi 5 décembre 2013, par Anna Jouy

juste avant, c’est le meilleur moment. juste avant que l’attente se réalise, se concrétise, comme ces petits tas de boue longuement sirotés par les lombrics et qu’on voit bourgeonner sur le sol.( j’ai pensé souvent qu’il s’agissait des boutonnières d’un énorme manteau de terre , nappant les enfers.)

juste avant le lever, le coucher, le repas. juste avant le baiser, le jouir.
juste avant la mort et qui est la dernière cueillette, le dernier fruit, le souffle, qu’on va respirer, respirer. respires ..en souvenir !

juste avant de comprendre le motif, le dessein.fils tendus, verticale horizontale.nous cousons, nous tissons, nous...filons.
juste avant, quand on voit se faire le point d’arrêt , qu’on sente que c’est là, juste autour de nous, que plusieurs déjà ont lâché leur navette et que notre suite s’accroche à de nouveaux tramages.
juste avant le tamis universel dans lequel les grains passent. nous sommes à l’orée, quelques uns, à nous sentir tomber ainsi dans le même couloir où rêvent nos désirs. juste avant qu’apparaissent alors ces territoires neufs dont on ne sait rien, que la déviation de notre route, que la transgression : s’exiler et survivre

oui c’est tout pareil pour les affaires intérieures, pareil à ces mouvements de foules affamées. il faut s’exiler, se transplanter. choisir des cœurs inconnus et se dire que le souffle vient de passer à de nouvelles broderies

maintenant je dessine un flocon dans le désert.

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