hors chants
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Ce n’est qu’un papier à images. Dessus je ne...
23 mai 2019
Ce n’est que du papier à images. Dessus je ne devrais faire que le portrait de fleurs, de chats et d'ivrognes.
Il est rude : on ne dépose pas son visage sur des ailes de mouche.
Mais je n’ai pas les nuances des lumières. Je dois tirer le cordeau de l’encre.
Sur ce papier je ne montre que les fourmis noires de ma main.
Je rends compte de l’impuissance de mes mots à (...)
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J’ai connu un homme menhir. Son dos avait...
14 mai 2019
J’ai connu un homme menhir. Son dos avait poussé son œuf dans le ciel. Il me disait j’ai une terre à la place du cœur. Et regarder cette conque découpée au compas de l’étoile, me rappelait la naissance de la lune. L’homme pique niquait la nuit de lucioles hallucinogènes il fallait entendre ce croquant des victimes qui pissaient la lumière entre l’ivoire des dents. J’appris du caillou le langage des fous. Je ne peux plus me contenter de la pierre (...)
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Pas de poème, je suis plongée dans le marc du...
8 mai 2019
Pas de poème, je suis plongée dans le marc du matin mais les oracles sont à la bourre. Des bruits des gens, qui parlent fort. Ils sont si seuls qu’ils hurlent dans leur téléphone. La glu ordinaire, la gare, la foule, le boucan des figures qui se télescopent sur la rétine. Trop. Train pris en avance, attendre ici ou là-bas… Trajet long ennuyeux si je veux. J’exerce mon anglais en écoutant le monologue téléphonique d’un voisin qui se sait seul (...)
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Celle qui vient le soir, dans la fenêtre, la...
4 mai 2019
Celle qui vient le soir, dans la fenêtre, la femme percée de nuit me regarde. L’âme vitreuse de ma propre inconnue, l’ange porté des crépuscules. Ce reflet surgi des ampoules m’effraie : plus je m’approche plus il s’efface. C’est ce que je suis dans le monde des autres. C’est la dimension plate de mon corps, un papillon écrasé sous le verre. Et d’ici me regardant, je sais que c’est elle, l’image, qui vit parmi les (...)
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Parfois j’ai pensé que derrière la porte se...
27 mars 2019
Parfois j’ai pensé que derrière la porte se tenait une mort quêteuse, qui chanterait pour moi le mois de mai.
Une mort avec au cou des mains palmées serrant quelques algues sifflantes.
Je la voyais longer les crocus et les tas de sable, marquer son territoire, mesurer le reste de mon champ.
Oui, la mort pisse mieux que les chiens.
Elle a des os de pierre ponce, propres et savonneux avec ça, des doigts de chirurgien qui pressent mes (...)
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Ce sont des jours à l’ordre de la route...
16 février 2019
Ce sont des jours à l’ordre de la route
J’effeuille les paysages comme un carnet d’esquisses
Quel taillis pour abri ?
Quel détour m’attend plus que les autres ?
Je marche sans but puisque j’espère
La main à ma poche baladeuse agite des images de papier et des cartes
Nous sommes hantés de bornes, de pierres dressées au fouet et aux attelages
Hantés de lignes blanches sur le (...)
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Veux bien porter encore ce deuil de semelles,...
27 janvier 2019
Veux bien porter encore ce deuil de semelles marquant le chemin. Avoir lié au corps le brassard d'ombre, avant de nager dans cette piscine où elle coulera à pic au fond du bassin. Mourir serait juste abandonner cette part de nuit qui brasse sous l'eau. J’apprendrai.
Comme le reflet des nuages court et traverse le pays, détaché des cieux..
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Secouer le tas de feuilles, le craquant de la...
12 janvier 2019
Secouer le tas de feuilles, le craquant de la saison, où tout ce qui répond est le fruit mort. L’absence.
Secouer à bras le tas, une aiguille, un mot, le début d’une phrase dissoute dans la rouille du bois. Je ne vois rien, je n’entends que l’incident des matières, et dans ce bref son, le poème tombe es poussière.
Branler l’aube, réclamer la sève à la pompe, le cœur vide me cloue le bec. Calame éteint. Le froid hygiéniste délave. Il ne pousse (...)
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J’ai une robe qui épouse tous mes faux-plis Une...
24 décembre 2018
J’ai une robe qui épouse tous mes faux-plis
Une peau sur le cintre de l’arbre
Et cette nuit de moire géographe des laideurs
Pendue à la patère d’un hibou, crochet vénéneux des gobeurs de sourires
dresse le pays montueux des femmes vagues
La crevassière
La pitonneuse
Le cargo de fuel obscur du corps des délits
Chasuble incontinente qui « fuite » l’obscène
Le rebond
L’éperdu
Le fils de crête des ventres et des bosses
Le dos de la chamelle
Je porte (...)
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Transposer. J’ai entre les mains un cahier à...
10 décembre 2018
Transposer. J’ai entre les mains un cahier à carreaux, une plume et je dois transposer, sans gomme ni rature, l’état de mon esprit. Deux carrés verticalement, quatre horizontalement à droite, puis cinq carrés en diagonale ? Transposer à la façon d’un plan. Bientôt un tétraèdre ou un parallélogramme exprimera sur la feuille le problème complexe qui se pose à moi ? Je ne rentre pas dans un système avec abscisse et ordonnée
Sur le carnet ligné rien, (...)