hors chants
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voilà, le jour est vidé. un évier....
3 décembre 2018
voilà, le jour est vidé. évier de sable
écoulement, éboulement
chaque heure comme des fenêtres ouvertes, libérées de mouches et de voiles
cet entassement au goulet de gorge a glissé le long des murs comme un lierre à rebours
j'aperçois quelques pampres
cette odeur sur ma main, ce point sur le côté
le boucan du labeur ne part pas sans graver son reçu
et votre facture payée, vous gardez encore la preuve qu'une fois, une journée chargée a fini (...)
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L’arbre tombe. Chaque année, il baisse les...
27 novembre 2018
L’arbre tombe. Chaque année, il baisse les bras. Une secousse et toutes ses puces dégringolent.
C’est un arbre têtu, obstiné à périr autant qu’à vivre.
Face à ses relevailles, ce hochet de vie, de mort, de vie, je suis un pieu roide dans la clôture nomade.
Je ne fleuris plus.
Je ne sèche plus.
On dirait que mon souffle n’est qu’un barbelé de mots,- des épines de fer, des sacs d’écorchures-, qui me traverse et poursuit d’autres bois morts
Je suis (...)
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Qui a planté dans mon jardin autant de...
20 novembre 2018
Qui a planté dans mon jardin autant de barrières, des chicanes pour le vent, de pieux partout levés, froides semences de solitude. Ma terre est épineuse et les mots dedans comme du crin arraché aux passeurs. Le terrain vague met au monde des essences pauvres, des compagnes de ronces.
Parfois éclot le baiser d’une tiaré, discret entre la nuit de mes lèvres. C’est qu’on a sans doute retourné le sable de la friche. Je parle alors comme toi un (...)
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On donne son corps à lire.
L’autre suit du...
15 novembre 2018
On donne son corps à lire.
L'autre suit du doigt quelques lignes, déchiffre en diagonale nos vertèbres de neige
Il veut du suspense mais on n’est qu’un poème
Avec des mystères plats comme ceux d’une carte routière
Mais faudrait déplier le pays, dresser les collines, creuser la rivière
Faire la route
et s’arrêter parfois aussi aux belvédères
Il ne comprend rien au dit de notre corps
Que l’endroit et l’envers et puis l’endroit encore,
Comme si (...)
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J’aimais parler de la mort, marquer de deuil...
30 octobre 2018
J’aimais parler de la mort, marquer de deuil l’obscurité. Je portais des lanternes d’ombre.
J’aimais me dissoudre dans des plis noirs ; la nuit dormait dans le fond de mes armoires
d'ailleurs encore, toujours.
Mais la mort s’est mise à m’aimer. Elle m'a offert sa petite robe. Elle réclame maintenant son poème, elle veut que je parle d’elle.
Je sais, alors qu’il est si tard pour vivre, qu’elle a pris mes figures, revêtu tous mes mots,
Et je (...)
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Mon poème vient d’enfermer la vie dans un livre...
21 octobre 2018
Mon poème vient d’enfermer la vie dans un livre
C’était une haleine, un pas de chat, la fable de l’éveil.
J’ai tiré le souffle à quatre épingles, lissé les rives de l’arbre
Le mystère semblait devoir durer, devenir dur, j’aurais pu le rompre
Mais il n’y a rien à faire, le minerai des mots ne se brise pas
Seule sa carcasse
Et seulement le bruit du souvenir,
Lle ressac du (...)
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l’ennui, ce cher ami, qui vient qui va, ciel...
11 octobre 2018
l'ennui, ce cher ami, qui vient, qui va, ciel sans accroc, plaine repassée de frais.
l'ennui, la feuille blanche, la toile vide, l'esprit poreux, le jour sans marque, sans repère, son nom. et le temps frôlant l'immensité des horloges..
quand d'un instant au suivant, les faits s'égrènent, se présentent à soi défilé, bouchons, circulation à pas serrés.
quand il faut chercher son air entre deux gestes, entre deux courses ou deux affaires, dès (...)
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noires-blanches
6 octobre 2018
dans la neige on peut écrire, l'eau de mémoire gèle à page blanche
mais le reste du temps, il faut user son ombre, creuser à la gouge l'arrière-cour des lueurs, gratter mordre dedans son alphabet. on ne sort que de nuit, on se hisse, on s'extraie. on incurve son souffle au gré gris des silhouettes.
j'ai des ciseaux pour les masques de papier, le fer pointu du stylet.
je dois sans cesse jeter un soleil dans mon dos pour te dire.
tu es (...)
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Je ne sais qui je suis : je n’attends personne.
2 octobre 2018
Je ne sais qui je suis : je n’attends personne
la cloche qui trace le temps s’efface sous le souffle.
Peut-être n’ai-je entre la vie et la mort qu’un écart de jambes, géomètre d’amour et désir steeple chase ?
Je ne sais qui présenter au guichet des futurs, un état, une essence, on n’a pas dit mon totem, quel animal, quel humain ou quelle cathédrale ?
Je porte ma lanterne, une bague luciole et ce laser de poche d’un mégot qui fait phare.
La nuit (...)
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la fenêtre aux mille écailles,...
27 septembre 2018
je prends la porte aux mille écailles, l'arbre moucheté de soleil.
chaque matin j'y perçois le miracle des mots, une seule voix qui se brise en mosaïque contre le verre isolant.
ma fenêtre aux mille trous, la passoire de lumière.
sans eux je n'entendrais rien de l'étoile, des espaces entre des mondes habités de secret.
ma fenêtre profonde,
et toi tu viens par les failles et les écumes
la vie chevauche (...)