rêves-traduction de la nuit
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il n’y a plus de haltes, de petites gares en...
26 juin 2019
il n'y a plus de haltes, de petites gares en briques, la nuit ne cesse de traverser le jour.
je respire des hublots synthétiques, plasmas de pays, plasmas de toile
la tête penche comme une main qui attend qu'on la baise
gantée d'étendue, la soierie des faiseurs de lointain
mon regard court, jeu de billes dans les vitres d'un but à l'autre
il coud le passé au futur à la vitesse du fantôme
je ne sais plus qui de moi ou des forêts s'enfuit
je (...)
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Il ne sert plus à rien de regarder le Nord, la...
18 juin 2019
Il ne sert plus à rien de regarder le Nord, la ligne des bouleaux, l’érable et le hêtre d’argent. La Terre a coudé en bout de rue : s’envoyer le décor. J’ai moissonné les poteaux indicateurs, les feux de route, le lacet blanc des voyages de bitume, brassé les giratoires, souqué des clignotants, sur les gaz, sur les freins, klaxonné…
Éconduite. Retrait de permis, mes bons points déchirés.
Il n’y a là-bas qu’un crâne blanc au monocle de lune, avec (...)
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J’ai traversé le songe. Il a fallu du temps. Le...
8 juin 2019
J’ai traversé le songe. Il a fallu du temps.
Le songe a l’air si vrai. Il m’ensevelit souvent, me recouvrant chaque jour de sommeil. Le songe parle en couleurs. Il a des paroles incantatoires pour empêcher le réveil. Je vous aime, dit-il. Ne pas revenir.ne pas ouvrir les yeux. Je crois avoir quitté le cauchemar et vivre alors du bon côté du ciel. Mais le rêve est un tissu de nuit et de mensonges qu’on finit de franchir avec l’aube nouvelle. (...)
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l’obscurité est chargée de lumières...
24 mai 2019
je suis une chasseuse de poussières luisantes.
je respire la lueur
j'aspire l'éclat et la voltige des étincelles
dans l'ombre danse le feu
les météores des dieux de la maison
le crépitement nocturne suspend à mon arbre l'éternel voyage du volcan
et j'attends chaque nuit le marteau des forgerons qui allument les rêves
quand dans ma chambre, les yeux ouverts j'absorbe les cendres brûlantes du (...)
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effilochage de la dune le vent jette ses...
17 mai 2019
effilochage de la dune
le vent jette ses filets
du grain à moudre sous la meule d'or
le sable prend les cheveux dans ses grappes
la lumière griffe
puis retombent les pampilles, la natte rousse des baigneurs dressée pour le repas de soleil
et sur mon œil, la bouée noire des buveurs de désert
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J’ai dressé ma tente dans la fatigue, une...
10 mai 2019
J’ai dressé ma tente dans la fatigue, une étoffe translucide, poreuse aux rêves qui soufflent. C’est une cabane dans la soie des tempêtes, le parachute du sommeil,
Ma tente avec ses tubulures d’os, ses sardines d’ivoire et ses météores catadioptres du voyage. Montée dans la steppe, la bosse venteuse d’une yourte à promesses.
Dedans le corps baise avec l’ombre et le repos.
Je tombe de la nuit comme la lune dans l'urne de la (...)
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entrent en moi des cohortes de cris des...
28 avril 2019
entrent en moi des cohortes de cris
des poussées de carbone violettes et rouges
le sang des voix de douleur
dans l'interminable nuit gavée de pleurs
le monde entier s'étire ADN viscéral.
j'écoute la plus vaste parole, le testament des molécules
l'arrière monde est un nom distendu infini
j'écoute et mon corps devient le sable de musique, la farine des étoiles
l'onde vibrante
longuement , éternellement s'en va dans l'harmonie universelle.
je (...)
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J’ai un rendez-vous secret, départ dans les...
12 avril 2019
J’ai un rendez-vous secret, départ dans les sentes intérieures
La bise me jette ses épis
Je suis étêtée.
Et je perds les heures et les prises de fumée
Je crains qu’un taillis n’ait poussé devant ma porte,
qu’il en garde l’entrée
que les feuilles et les mots s’enchevêtrent et me laissent interdite
Le rendez-vous attend, impatient, enfant affolé
Le poème ne dure pas, ce n’est pas une plante grasse
À peine le fruit d’un buisson
et déjà le (...)
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Tu disais… Je me méfie des avaleurs de moelle...
26 mars 2019
Tu disais…
Je me méfie des avaleurs de moelle qui mordent à l’arrière des cous. Ces furets, leurs deux mains sur mes cils pour éteindre le soleil, -coucou qui c’est ?- effacent l’espérance.
Plus aucun crépuscule au fond des conjonctives, qu’une eau de nuit simulant le baptême
Approche-toi de ma bouche si tu veux me faire ivre- parle peu, parle loin- dépose ici dans l’urne à palabres, le fruit la guérison et la vie
Il y a longtemps que je n’ai (...)
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nous avons longuement écouté le monologue du...
13 février 2019
nous avons longuement écouté le monologue du nuage.
la fenêtre seule traduit son épopée
ce ne sont que des représailles de mouches, des empreintes sales, le dictionnaire des dégâts essentiels : il va pleuvoir.