rêves-traduction de la nuit
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Je plane dans le cœur électrique des messages...
24 janvier 2019
Je plane dans le cœur électrique des messages. Ma voix vient de passer Saturne, son d'un tourne-disque fox trot.
Une poignée de danseurs lève la jambe pour me laisser passer.
Ici quand ta main s’ouvre et se ferme sur mon poumon d’acier, j’expie, lentement, j’exhale le poème. Puis comme un caillou, je le vois filer, remonter aux yeux, tes planètes.
Tu le lis.
Alors commencent les expéditions des atomes d’un baiser. Pulsé météore dans (...)
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Le rêve dresse son échelle, depuis que je sais...
21 janvier 2019
Le rêve dresse son échelle, depuis que je sais que des anges courent dans l'escalier.
L’avons-nous bien descendu ? me disent-ils
Chaque barreau est un arbre couché, mon pas écrase le dos des faiseurs de cimes.
J’ai une vie de grimpeur aux solives. Les planchers portent mon ciel à hauteur de grains et de pailles. Je rêve dans des graphiques de fièvre. J’astique les gradins, j’encaustique les pierres des escabeaux de la nuit.
Le dormeur est (...)
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Nous ne sommes plus les mêmes. J’ai échangé...
15 janvier 2019
Nous ne sommes plus les mêmes.
J’ai échangé dans le miroir l’âme siamoise : chacune la nôtre et son dossard d’éternité
Je me sais du passé et elle du futur
Et ce carrefour de verre de l’existence de l’ombre
Je suis née au point d’incandescence de ma mort
Le briquet d’un soleil dans le cœur d’un néant
Les yeux reflètent le puits et le puits creuse mon regard
Je ne sais qui avance qui recule mais chacune s’éloigne sans fin de la (...)
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Aucune musique ne tient sur le collier du...
26 décembre 2018
Aucune musique ne tient sur le collier du temps
Elle ne fait qu’un seul cercle de perles autour de la voix
Les jours s’accrochent au fermoir des pierres blanches
Je soupèse cette verroterie
Dans la main la rivière qui brûle
J’écoute le froid craquer à l’oreille
Et ce bris qui étire en moi un frisson puis un autre
La musique en breloques de givre glisse dans le dos
Je tremble à la corde mince
Ton souffle dans le pipeau (...)
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Le poème d’aujourd’hui rentre après avoir bu le...
11 décembre 2018
Le poème d’aujourd’hui rentre après avoir bu le rire des camarades
Il touche les murs comme un oiseau
Proches les murs, petit l’oiseau
Il est d’une ivresse déroutée, il me cherche entre les cuisses, sous le corps, sous le pesant des désirs ancrés.
Il ne vole pas ou avec des ailes ordinaires, dégriffées et sans portance.
Ailes appuyées sur le béton de joues dures.
Écartant la presse des voyelles, le sifflet des consonnes, un poème rouge de (...)
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dans la chambre je tourne pédales de salon et...
6 décembre 2018
dans la chambre je tourne
pédales de salon
et je remonte le seau du voyage,
manœuvre de l'âne à la barre du vieux puits
je tourne sur mon vélo châtré
il ne course pas les routes, ne grimpe ni bosses ni monts d'aucune déesse
il fait semblant, véhicule eunuque sur lequel se serrent des cuisses demoiselles
tandis que s'offre au soleil couchant le lever de la lune
je tourne. j'ai roulé sous la pluie
le voyage d'un vélo d'intérieur n'est pas à (...)
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Regarde-moi, je suis mangée d’ombres. Si tu...
29 novembre 2018
Regarde-moi, je suis mangée d’ombres. Si tu perces ma nuit, ne pense pas y trouver des étoiles.
La noirceur n’ouvre que des portes sans lampes, des couloirs peut-être, glissant à l’ombre des puits.
Rassure mon visage, ces gerçures n’atteignent pas mon regard
Rassure mes yeux, ils ne voient pas demain
Allume dans mes cheveux ces étincelles avant la cendre
attise la lumière
réchauffe-moi
tant dévorée d’automne, je m’ (...)
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C’est l’atelier où on recoud le poème, des...
21 novembre 2018
C’est l’atelier où on recoud le poème, des hommes avec de longues blessures ou des hoquets de sang, attendent patiemment sur des chaises de paille.
On dit que l’aiguille et le fil font mal.
On raconte que ce sont des tortures, des défaillances, la perte irrémédiable des connaissances. Les hommes tremblent entre eux. Ils cliquètent encore quelques rêves saignants entre leurs gencives, se répètent je préfère vivre mais c’est pas sûr.
Parmi (...)
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Je m’aperçois que je n’ai pas d’armoire pour...
13 novembre 2018
Je m’aperçois que je n’ai pas d’armoire pour ranger la mort, cette marchandise périssable qui traîne un peu partout, à l’humeur pousse que vaille.
Pas d’étagère, pas d’urne funeste.
C’est une mort de plein air, de libre pâture, qui voyage au gré des lunes d’une chambre à une autre. Elle marche derrière moi, elle broute les restes de mes gestes, un écho, un sifflet...
Et moi comme une enfant gâtée, je quitte la pièce des fourbis pour un nouveau (...)
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nous avons nos arbres,ce merisier, ce cyprès...
8 novembre 2018
nous avons nos arbres, ce merisier, ce cyprès
notre ciel est couvert de racines
la branche de famille
très secouée d'oiseaux
nous avons nos volailles, la corneille noire, le goéland blanchi de sel
notre terre est tendue de voiles et de sommeils
nos nuits s'effacent au manège des planètes
je dresse mon âme sauvage
juste avant ton galop
et tu tombes après moi dans les flaques de l'ombre
j'ai le corps à la pioche, au piton, à l'escalier (...)