livre des suites
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Dans le cœur de l’arbre, nait le vent. Le vent...
12 août 2018
Dans le cœur de l'arbre nait le vent. Le vent qui cherche un nid, le trouve sous ma fenêtre. Je l’imagine blotti volatile dans la main d’une branche. Soudain, comme ses frères dans la forêt des oiseaux, il grandit et s’envole.
Partout autour de moi, les nichées du grand souffle. Les arbres écartent leurs feuilles et s’échappent les ailes qui chantent.
Et de tous les oiseaux, celui-ci parle le (...)
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La porte claque, certains matins. Ce bruit...
9 août 2018
La porte claque, certains matins.
Ce bruit qui longtemps reste pendu à la clé. Et c’est tout ce qui reste de toi car je ne te suis pas de fenêtre en fenêtre. Partir n’est pas une image, mais ce cliquetis de métal, chaque fois répété. Le départ ne meurt jamais, il se camoufle là, m’attend comme un rapace, un chasseur. Chaque porte qui se ferme, chaque frisson de trousseau. Tu me laisses, derrière la vitre du lointain. Un bruit, et j’y pense, un (...)
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Il y a longtemps, sans doute ai-je entendu un...
3 août 2018
Il y a longtemps- je n'en sais rien en fait-, sans doute j'ai entendu un mot, une phrase ou une histoire- j'aimerais bien dire un poème mais probablement pas-qui a poussé ma vie sur un chemin, dans un tuyau, le long d'un canal ..enfin versce genre de truc dont on ne peut pas vraiment dévier. je pense que je l'ai entendu. je retiens peu ce que je vois. le son me marque. un mot, un éclat de voix, un rire moqueur,.. et tout était joué. (...)
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demain
28 juillet 2018
Je ne sais plus ce que c’est que de vaincre. Dehors est un brasier fertile. Des étendues de mort et sous la cendre, les futurs chevaux, les insectes du vivant.
Je ne sais plus, j’oublie que j’ai prédit mes douleurs en les appelant de mes mots. J’ai visité le futur. Les abris incertains du malheur.
Je suis encore des phonèmes criards, du murmure et du souffle qu’on mélange en aimant. Mais demain ne ressemblera pas à mon visage, bien sûr que (...)
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chaque jour est une frontière d’énigmes un...
19 février 2018
chaque jour sa frontière d'énigmes
un sphinx me questionne et miaule
chaque jour je prends la rampe de son regard
entre, dit-il
et d'un bord à l'autre
j'avance
laissant éclore les émeraudes d'une onde vive
as-tu vu fleurir la grève ?
comme des pierres éclatées
au cœur de pollen et de sable
vais-je m'en sortir ?
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Ces choses qu’on voudrait effacer, d’un...
21 décembre 2017
Ces choses qu'on voudrait effacer, d'un revers de regard, ailleurs, et tout disparait
Ces choses qu'on a lancées au fond de nos univers, billes gavroches, interdites définitives
Ces choses qu'on file d'une salive lente, douce, mille baisers suspendus semis d'une époque de toile
Ces choses vapeurs emperruquées, manières distraites de chevelure, de turban, de voilure
Ces choses négligées, ces dettes obscures, ces racolages d'insectes (...)
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superstition
14 décembre 2017
je n'ai pas jeté de sel par-dessus mon épaule
fade farine future
ce geste aurait découvert ma taille
et le nombre de mains qui y veillent
sur le sol après moi
qu'une grêle de pluie
qui tricote des flaques
au point d'obus
troupe de pucier mordante jusqu'au bitume de nuit.
ensuite on ne comprend plus vraiment
pourquoi l'averse est une flambée de flèches
tout est noir
et tout mordu au (...)
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c’est l’heure où je dois ramasser le bleu qui...
11 décembre 2017
c'est l'heure où je dois ramasser le bleu qui reste encore. récolte.
le ciel se cache comme une perruche en cage, un jupon de cendre et cette couleur qui monte avec la nuit est épaisse. tant.
je regarde par la fenêtre lacérée de ciseaux à chaque oiseau qui vient. sur l'accent aigu du pré une autre fenêtre jaune aussi.
bientôt la pesée Roberval. la nuit sera plus légère et je compterai ma charge de cyanure à la fin des mois.
c'est l'heure où (...)
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Le cahier, je le reprends. Je me sens autre...
4 décembre 2017
Le cahier, je le reprends. Je me sens autre et pourtant je reprends le cahier. L’écriture change, s’apetisse. Je mets plus de mots sur une ligne qu’il y a peu. Je serre le dit dans ce tuyau, je bourre l’écrit à la ligne. Sans air. Les images de là-bas sont fortes encore, les gens, les passants, le son des heures selon qu’il faut prendre un thé, une piqûre, du sang frais, des épinards ou un café fort dont à chaque fois on me dit qu’il sera nu. (...)
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la peau est dure. elle serre les lèvres....
13 novembre 2017
la peau est dure. elle serre les lèvres. bouche cousue de la chair qui marche. je sens sous mes doigts des enflures, des collines après le feu. une fosse de gravats remplie, tassée. on a jeté là mes espoirs et la légèreté des silex de l'enfance. on a bourré ma cuisse de fibres nerveuses, du cuir des chicottes. le tendon noir des danses dépassées.
la peau est dure. chaque pas déchire une strate mystérieuse, un filon de carbone. j'assouplis à la (...)