Journal poétique / www.jouyanna.ch

après un rêve

dimanche 23 février 2014, par Anna Jouy

père

Je ne sais plus pourquoi je t’aimais. Comment aujourd’hui le savoir…tu n’es plus, pour me rappeler à nous. Je me dis que bien sûr oui j’ai dû être dans cette admiration étonnée qu’ont les petites filles et puis tu as vieilli sans que je n’aie jamais eu l’impression de grandir. Tu as pris pied dans une autre histoire dans laquelle personne ne pouvait plus t’atteindre. Et moi, non plus.
La maison est comme une cour de gravier. Là -dedans souvent, je trouve un sou une pièce perdue du puzzle affectueux, tes écoliers avaient les poches percées... Oui c’est comme ça que se poursuit pour moi la chasse au trésor, le reste des découvertes.
La maison est grande. Elle me supporte bien assez, moi et tes fantômes. Je me demande encore pourquoi je suis ici comme en planque de la mort,- elle attaquera par où la salope ?- Je veille sur quelque chose, un mystère qui doit sortir. Une histoire à raconter que tu as commencée et jamais su finir. Je tiens ton crayon, je tiens tes ratures. Et quand je t’entends claquer des portes, j’essaie d’épeler ton message.
La vie a du sens , mais pas la nôtre. C’est le tout qui fait la véritable histoire. Je ne suis pas encore un mot, -et le tien quel est-il ?- peut-être une conjonction d’insubordination. Alors comment penses-tu que nous ferions lumière ? Ton passé, le mien, celui de notre arbre écrivent peut-être un vers terrible dans l’ancestral poème. Je voudrais avec force changer la couleur de notre séquence. Dire ici cesse la malédiction. Je crois que c’est pour cette tentative que tu m’as exposée aux fous dires, que tu m’as donné ton grand silence. Et puis ton cahier et ton encre.


2013

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