journal de l’aube 606
mardi 28 juin 2016, par
je suis dans le poème comme en ses plaines, ses fourrages de mots,
en cadence.
j’y suis sans bosse, étendue, dardée de paille.
et à ces cols de tiges tranchées, le vent chante, comme un dieu pécore.
je suis là.
mes doigts fouillent et mon dos grouille de fruits et d’insectes.
le sol me traverse et me marche.
je suis dans le poème, horizontale, sur la couche de crépuscules et aubes,
litière dégorgée de grains.
parfois le sein crispe en son désir un astre neuf et rouge.
coquelicot, disais-tu.
et dans ce tremblement lointain, je sens un petit pois sous le matelas du vivre.
je suis dans le poème
de tout mon long,
mes jambes mortes comme
des radeaux dans l’herbe avancent à la dérive des nuages.
mes idées sont des saules à tondre qui trempent.
épouser le sol, appartenir enfin.
Messages
1. journal de l’aube 606, 28 juin 2016, 11:30, par Anna2B
D’une évocation, l’autre ; ce jardin poème me mène à celui d’ Anna de Noailles ; le sujet est différent car c’est pour elle une évocation de la mort, mais tellement belle aussi, voici qqs extraits :
Dans le jardin,sucré d’œillets et d’aromates/
(...)
Je viendrai, sous l’azur et la brume flottante,/Ivre du temps vivace et du jour retrouvé ;
(...)
La lumière emplira les étroites allées/ Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement.
(....)
Je serai si sensible et si jointe à la terre/ Que je pourrai (...)
me mêler, vivante, au reposant mystère/Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps."
Ceci est extrait du Cœur innombrable. Il y a des lourdeurs dans ce merveilleux poème mais ce qui vous réunit en moi, ce sont les éclats, les brillances des mots, leurs saveurs...Et vous avez des choix communs...
2. journal de l’aube 606, 28 juin 2016, 16:17, par Anna2B
Superposition, fusion, confusion... Le texte ici est image d’un sol, d’ un paysage fertile pas celle d’un jardin. Dans le poème d’Anna de Noailles, la terre est réelle, accueillante, elle n’est pas figure, mais matière à renaissance du corps qui de défait.
Toute poésie ouvre des chants et éveille des échos personnels.
Envoûtements ?
1. journal de l’aube 606, 28 juin 2016, 19:02, par Anna Jouy
en poésie, nous ne sommes guère autre chose que des supports ou des terreaux tout nous semble traverser.