C’est un lever ordinaire. Il y a ce bruit de tondeuse lointain et si régulier qu’il trace une ligne rouge dans ma tête. Pas encore de musique. Je n’ai pas médité. Un lever ordinaire dans un monde qui a rétréci, le territoire étroit du matin quand on a dormi à peine mais longtemps, toujours à la surface du rêve. Et puis on se lève, on s’aperçoit, mais c’est juste cette sensation d’une île, que l’eau est venue tout autour. Le reste s’est effondré, la banquise était donc si proche.
Je n’ai pas peur. Bêtement je sais qu’il y a à manger et à boire… je m’accroche au semblable, au similaire. Je suis des fous qui ont mis des années à construire leur refuge anti-mort. L’abri. J’avais oublié cette porte, l’entrée du puits où les pierres parlent parce patiemment je leur ai appris.