peu de marges. l’essentiel, s’il y en a un, en quelques tours chrono.

si j’étais sociologue, je ferais une étude sur l’expérience de mort virtuelle, une nouveauté qui est sortie il y a un certain temps déjà sûrement mais dont on ne prend pas forcément conscience tant que son propre deuil n’a pas été programmé.

j’imagine que nous sommes nombreux à avoir vécu des ruptures brutales de lien. soudain une amitié se brise et chacun s’en va sur son propre chemin. mais à cette expérience-là, traditionnelle, il faut désormais ajouter celle de" l’assassinat ou le meurtre ou l’homicide"( mettons ces termes entre guillemets en attendant un terme neuf ) virtuel, mot à choisir selon le degré de conscience et de volonté qui est porté à cet acte.
on presse un bouton et pfuittt vous n’existez plus,vous n’êtes plus.
oui la chose est vraiment étrange... ce n’est pas l’autre qui s’efface et disparait, c’est vous. vous prenez conscience que c’est vous qu’on fait bel et bien disparaitre.

avant la séparation laissait chacun entier mais séparé. la mort vraie vous laisse seul. mais la mort virtuelle..ha...et bien elle vous donne à assister à votre propre disparition.
vous avez été éradiqué -virtuellement certes- mais c’est bien vous tout de même et pas la moindre part de vous, non, une part importante de vous qui a été effacée "bombisée" , nucléarisée.

bien entendu on pourrait aussi déporter l’analyse et se mettre dans la peau du presseur de bouton. mais il est plus difficile de prendre conscience de ce qui arrive pour de vrai dans la vie, à être ainsi pschitté poussière et s’avouer tueur.

c’est une expérience qu’on est tous amené à vivre si on est sur le web. parfois cette disparition se colmate assez vite et parfois vous sentez la mort indifférente silencieuse violente extrême vous ronger douloureusement et sans fin les os.