D’où reviens-tu
Les manches noires
De quel calvaire es-tu tombée
Bois de cendre dans l’urne de la terre
J’ai visité le cimetière
La mort compagne
Passé des portiques et des chambranles
Parfois ornés de fleurs
Parfois du lierre des habitudes qui noue nos écorces
Tu es un arbre taillé
La table où je trafique les mots
Je parle, j’essaie la vie avec des formules
Et le pouls du cerisier sursaute à ton nom
Ce sont les signes que donnent les morts pour accuser réception de nos manques
Il n’est pas temps de revenir
De colmater de prières les offenses les trous cironnés de l’amer
Ne revenez pas -Je vous crie- ne revenez pas
Je ne suis pas prête à entendre mon cœur de misère battre sous d’autres coups
Avancez- fuyez- partez
Quittez ce fil qui censure ma gorge et jette mécanique des chaînes
Un mot découpé, un autre fileté, les écrous des prisons
J’enserre ainsi le barbelé d’une plaine à une autre
J’enferme mes bestiaux
Mes années de tonsure et de trahison
dans la vierge verte saison du passé
D’où reviens-tu vieux mort
Pourchassant mon rêve, âme nomade
Pour confondre mon bonheur avec le tien ?
Je n’ai pas d’eau bénite, miracle des injonctions du fleuve Amour pour laver ta figure
Pour laver la peur qui m’étreint de ne pas te comprendre
De ne pas savoir
J’ignore même que tes gestes eurent un sens-je n’ai jamais su
si tu faisais en esclave ou si à chaque instant tu invoquais l’amour à tour de bras.
Ton malheur a coulé sur moi, taché ma robe. Je fus sale avant d’être
Mais tu étais mon choix ou était-ce cet homme dont je devais désigner le destin