Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
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journal de l’aube 628
13 septembre 2016
Avant, quand il faisait des nuits avec dossier, quand il faisait des nuits comme la vue, métisse de deux désirs, quand j'étais le creux des vagues, portante d'autres écumes, quand j'étais l'ostensoir sans étoile d'un vent si sombre. Avant, quand j'étais autre, outre et antre, quand mes mains rompaient les heures comme le pain, qu'elles travaillaient sans se connaitre, toujours plus tendues, toujours plus proches. Avant, quand j'étais à (...) -
journal de l’aube 627
11 septembre 2016
on peut s'accrocher longtemps à des choses simples, une herbe, un truc léger qui soudain aère le crâne. on peut se tenir de toutes ses forces aux béquilles des lumières qu'un matin vous jette comme des barreaux au travers de la fenêtre. on peut essorer ses pensées après la pluie, suspendre le temps au séchage. éviter d'être soi, sauter par-dessus ses ombres, tourner le dos. on peut tenter une soustraction définitive, une apnée qui (...) -
journal de l’aube 626
7 septembre 2016
On sème. Du verbe s'aimer. J'ai la paume grosse de notes, graines du voyageur, là où monteront sans doute les vitamines du chant. La mystérieuse nuit couve ma gorge, nappe jetée sur le festin. Et la musique dévide le boulier du chemin, je ramasse une à une les miettes de ma boussole. Le ruban interminable me traverse le crâne. Je suis un oiseau, suspendue par le bec contre ta poitrine. Ton pas me berce d'un mouvement éternel. Rocking (...) -
journal de l’aube 625
6 septembre 2016
Je me suis couchée dans la fresque immobile où le rêve allume la torchère des nuages. Tenter rejoindre l'hémisphère inanimé, là où mon corps trempe dans le ciel. Peut-être dormir dans l'herbe qui pousse par-dessus la mort. Mais je suis le majordome de l'insomnie, le métallo des paillis durs, quelques éclats de pierres pour meuler la chambre. Ici l'aube vient toujours en bris de lumière, troubler l'obscur. Je ne dors plus, j'étrille l'ébène (...) -
journal de l’aube 624
5 septembre 2016
Je me surprends à vouloir secouer des choses impossibles. Le matin serait une veste de poussière, l'aube une nappe couverte des panures du rêve. Je me surprends à vouloir passer la main sur la table, égailler les pièces du puzzle, rompre l'image. J'aimerais changer les gestes de place, comme on déplace les meubles, mettre le désordre à l'ordre du jour. Quelque chose qui sorte des gonds ordinaires, détrousser le confort, tout ce qu'il (...) -
journal de l’aube 623
2 septembre 2016
sortir ma longue ficelle de chanvre, brut ressort des herbes, une pelote de nerfs tressés. et laisser courir derrière moi la rampe d'Ariane. aller ainsi entourant, aller ainsi embrassant, nouer en gerbes mes vieilles fleurs, les fanes mûres de mes désordres. regrouper par familles les matins, les midis et les soirs. la vie rassemble ce que les bras dispersent. aller métrer mes arpents d'amours et les serrer contre les seins, bandoulière (...) -
journal de l’aube 622
1er septembre 2016
Un peu de glu sous la langue. laisser macérer. Les mots comme des mouches au ruban. Un vol suspendu. Je ne peux avaler et je ne peux partir. Mais battre le vent d'une aile immobile. L'arbre saigne l'empois et moi pareil. Quelque chose que l'air stupéfie.Une sève lourde et dure contre laquelle dorment les bruits des eaux et du ciel. En ai-je fini ? Je suis un murmure assis et l'arbre penche du côté des silences. Dangereusement mort. (...) -
journal de l’aube 621
29 août 2016
ce sera donc une fin, un été qui hausse les épaules avant l'écroulement. je fais de l'ordre, je classe les humeurs par flacons, les couleurs par éponges et le cœur par silences. tentation d'apparaitre, prospecter ainsi les affiches, les spots lights. tentation de déploiement et puis doucement retourner aux léthargies des ombres se fondre dans l'inaperçu, se dissoudre, un peu de vin dans l'eau. réserver l'Indien qui dort. lendemains. il (...) -
chez Qazaq : là où la vie patiente
26 août 2016
je me demande parfois pourquoi, pourquoi tant de temps passé à écrire. vers quel but je vais ainsi ? une question qui a des réponses, multiples éparses. de belles raisons et d'autres moins sans doute. et si je vis pour écrire, qu'est-ce qu'écrire peut donner à ma vie. écrire a ce pouvoir de création, et ma vie est une invention, je veux dire que je peux lui jeter les sorts que je veux. je peux la ré-écrire.. là où la vie patiente, parce (...) -
journal de l’aube 620
24 août 2016
Je voudrais rester contre la porte. Appuyer mon front à quelque chose qui dure. Une poutre dans le jour, la béquille d’un échassier, une stèle toute enrubannée de mots. Je voudrais rester là, dire à cette chose de me faire sienne. Droite, solide. Drossée bêtement dans la mer des nuages. Je voudrais avoir atteint un but. Mais l’infini … Pourquoi un tel besoin, pourquoi n’en avoir donc jamais fini avec le pas, le chemin et le fil de lumière ? (...)