Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
-
journal de l’aube 160
20 janvier 2014
Il manque toujours quelque chose, quelqu’un. C’est étrange bizarre drôle ; dans ces mots toute ma perplexité. Y mettre une part de terrifiant aussi, celle que j’ai dans le dos, celle que je sens être comme une ombre, ou l’ombre tout court. Ce manque qui devient juste son contraire, une présence telle que je ne sais plus … un gros sac d’absences pendu à mes épaules, bien là, pesant. L'absence qui ne cesse de montrer son profil, de se redéfinir, (...) -
journal de l’aube 159
19 janvier 2014
cherche dans la mousse du café, le café a des gros yeux d'amphibiens barbotant sur la nuit- une réponse à ma fatigue. lassitude sans paix. je ne tombe pas de moi comme un fardeau à terre. lasse presque de la pérennité des choses, des cercles qui me vissent le crâne- bouchon d'un millésime encore incertain. ça va péter au plafond ou briser le contenu saignant de la bouteille. lasse de cet éternel retour de difficultés. on repasse le plat (...) -
journal de l’aube 158
18 janvier 2014
Ne pas aller au-delà du besoin ; l’au-delà marge sécuritaire. Après on est mort, ou perdu du moins. Ne pas céder à la tentation plus, à la volonté disproportionnée de l’ajout, de l’inutile qui donne fausse allure et empêche les mains de bien sentir. Tant de choses en trop, autant dans la possession que dans l’esprit, modifiant et usant mes structures internes, ma force souple ployant bien sûr, juste avant le bris. Il y a en moi le même usage du (...) -
journal de l’aube 157
17 janvier 2014
Grains de pluie. L’arbre à nuages fait exploit de pollens. Je suis enrhumée. Dehors et puis dedans. Dedans de cette eau qui circule, trafic sans douane . Contrebande, dirait mon homme, de l’eau de contrebande ! J’imagine les passeurs, passants s’enrichissant de ces échanges libres : de source, de rizières, de roche, de pluie…Le gain acquis sans taxe, le placement interdit dans des coffres-forts illicites. « Madame, vous êtes accusée de (...) -
journal de l’aube 156
16 janvier 2014
Me sentir prête, vêtue coiffée, -le ridicule ne tue que des espèces qui titubent-, prête, droite donc. Deviner qu’en moi, on le cherchera toujours ce précieux, définition d’un être avec des fils incertains. Tapisserie, sais-tu, je danse, murs bien cirés pour le parquet du bal ? Je danse comme l’araignée, du côté vertical des pas, et le crabe qui lui préfère l’horizon des tableaux. Tu ne reviendras pas en arrière. Il est bon de porter le col dur. (...) -
journal de l’aube 156
15 janvier 2014
Nous glissons donc nos mots dans l'encrier. tirelire mysérieuse, l'épargne noire de bien des silences. ainsi les choses se retroussent à fonds de poche, des retours de la main dans la vitrine noire d'un immuable secret. j'aime bien l'idée dérangée de ce voyage. il n'y a rien dans cet obscur que ce que j'y découpe. je le nourris et plus il est gras, plus il est intense énigme. Je verse mes mots là, oboles et picotins. et comme tout lac, il (...) -
journal de l’aube 155.
14 janvier 2014
14 janv. 14 Ce n’est rien. J’aimais probable des sources de calcaire où l’eau déposait du tartre entre les dents, une source raide, fête des lichens aussi, qui nous faisaient de l’ombre. J’aimais assurément une soif sous la manche, des vins de feuilles caduques, de rouges sanguinaires comme des espions du sourire kabyle. La bouche est pleine de sacres et ce n’est pas l’heure d’écouter le saccage mortel de l’automne remplacé par une poignée de (...) -
journal de l’aube 154
13 janvier 2014
Nos alphabets de poitrine, les tenailles serrent les mots entre deux seins. Je les hoquète avec des gouttes d’amour sous l’infarctus. Mou devoir de mon sang qui respire petit de peur d’affoler les bougies. Nos alphabets, grenaille de musique par touches notées, partita partita ; c’est bien de ça qu’il s’agit, de faire au bandonéon à bras des actes pour nos épaules et de ces soufflets plissés des léporellos de cartes postales. Ici Venise ! (...) -
journal de l’aube 153
12 janvier 2014
J’ai cette mémoire de l’encre, cette voix pliée en quatre, soudée, à coin de page, dans laquelle trempent encore des biscuits et des soleils. Mémoire de rires rouges et de silences en corbeille, fauteuil crapaud, tu rejoignais souvent tes enfants dans le fond sans tiroir de l’amour. J’ai cette mémoire d’eau froide, d’étangs de carton où s’enfoncent les morts, froids eux-mêmes de cette même glace qui réveille l’absence. À grandes peignées dedans (...) -
journal de l’aube 152
11 janvier 2014
Frottoir de vent. Araser la coupe, par sections sages d’une transparence sans accroc. Ah ! Ces montagnes déchirées qui mordent dans le lointain. Araser du plat de la main si j’en avais la force. Perspectives ricaneuses. Gestes symboliques de cette faux qui m’arrangerait bien. Compter sur le vent pour effacer. Et dans la tête aussi. Quand mon cerveau ne sera plus qu’un dédale pour l’air et la chanson. Est-ce que je ne confonds pas le (...)