livre des suites
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menthol
2 novembre 2016
nous écoutons nos dents qui claquent. on dirait un chat bègue invoquant des oiseaux. nos dents montagnes, nos dents de pays, couvertes du bétail des mots, nos dents affinant le ciel avec des usures en étincelles, quand le soleil se lève. on dirait qu'on soude l'univers et que la ligne d'étain glisse sur le cou pour retenir des cicatrices de vieux pendus. on dirait que monte l'aveuglement bleuté des masques, que se lève entre les canines (...)
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évoluer
1er novembre 2016
Quitter le terrain des souvenirs, il y en a encore, malheureux comme des perles jetées aux porcs. Le quitter et aborder une forêt humaine, vagabonder désormais d’âmes en hêtres dans le taillis de l’homme.
Exploiter le rêve et ses ressources sans blessures. Le rêve est lisse aucun sens ne pénètre le corps glacis. Le rêve se détache comme un pétale tombe et fait chemin. Quitter ce séjour parmi les morts, la maison sarcophage où je me retourne (...)
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temps
31 octobre 2016
Veille de tempête. Entre-deux de la poussée. Quelque chose attend et patiente sous le sol. Un germe, une larve, un œuf.
J’ai taillé mes bras à la mesure du saule. Je ne tends plus qu’à l’ampli du poumon. Les membres Samothrace, l’élan de poitrine, une faiblesse où il faudrait poser sa main pour la comprendre. La carotide se file à brins de miracle et la tête réclame des offices de peigne, permanente en bigoudis d’ange. Je m’enroule comme un (...)
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travaux de saison
29 octobre 2016
Éclaircir les rangées de mots. Semés à la pincée dans un sillon à peine frais. Une touffe d'épis qui étouffent, bouchon charnu obstruant le fil du dire. Ma bouche en crevasse envahie, motte gueuse. De la boue dévorée, les mâchoires pleines encore. Au croc, des dents, dénouer le tas compact de ce qu'il y a à dire. Le résumer à la tige, à l'aigrette d'un gazon, une paille que l'on suce, tranquille avant la prochaine fumée. Éclaircir, c'est à dire (...)
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retour
25 octobre 2016
rendez-moi mon corps ses pays entiers piétinés, ses rives bétonnées, ses marais asséchés et ses terrains déracinés, flambés, pour en tirer profits
rendez-les moi. mon corps aux sens dévastés. ce qui me revient ne le touchez plus
rendez-moi mon esprit tari comme source, mon esprit et son nuancier de couleurs et parfums, rendez-moi l'air et le feu qui y vivaient, la respiration des nuages, ses fluides cheveux sans tresse ni ruban.
rendez-moi (...)
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saveur bonbon
21 octobre 2016
Je rumine une pensée, un mot sans doute oublié là, dans la salle des départs. Une odeur de bonbon monte de mon corps, un nuage sucre et citron qui semblait attendre de revenir vers moi, comme une tisane pour soigner les souvenirs. Et je me laisse importée, moi, mon temps, tout ce qui va avec. Je me laisse ramasser miette d'un lait qui m'enveloppe.
La pensée se résume à cet excédent de sirop qui par instant comme un vague besoin de soupape (...)
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aqua
17 octobre 2016
il y a besoin d'eau car la mer est sèche, la bouche mère. besoin de tremper le paysage, dans la bassine bouche. bassiner. une longue imprégnation dans la fibre. mais je suis humaine comme l'arbre et mon cœur est sec comme celui du temps. ou alors le cœur de pierre des ronds dans l'eau. il y a besoin d'une eau flaques, seilles, d'une eau qui se jette d'une fenêtre, d'un toit, du gratte-ciel. tiens je vais t'apprendre à gueuler comme ça (...)
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après
24 septembre 2016
Après minuit
....dans la maison .Le monde se glisse sous les seuils presque ombres presque lueurs.. même les bruits sont des personnes, les êtres craquent dans la fibre de leurs silences, leurs âmes sèches trop tendues, ruptures des peaux. cuirs tambours, barreaux gazouilleurs, bois qui vaticine au passage des heures,comme des guetteurs sur les toits qui abritent les rêves. Prolongeant dans la boîte où je me love, des racines aux (...)
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inspirations
22 septembre 2016
Jour creux. Mon corps poursuit ses routines sans moi. Je le laisse dériver, battée de sable sans trésor, chalut vide. Je parcours les chambres en enfilade, j’erre parmi des objets et des bouquins. Je le fais, pour que les choses me reconnaissent des leurs, objet inanimé. Les meubles, les ouvrages transpirent une indicible énigme. Le non-dit que je suis aussi. Je viens nouer mes doigts aux leurs, que quelque chose émeuve la harpe (...)
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poème
15 septembre 2016