C’est peut-être une cage.
Je ne marche plus qu’accrochée à des barreaux. Je suis dans un monde » cloché », un endroit couvert et langé dans lequel, je suis autorisée à exercer mon droit de vivre à petites doses. Je vis dans un clapier ou une serre. Le monde est petit.
Je reconnais les matins, les midis et leurs suites mais la nuit m’est étrangère. Je ne suis pas certaine d’y aller moi-même. Ces nouvelles obscurités sont des impostures. Par surprise, le soir me fauche la tête et je ne bouge plus, je dors. Mais les rêves sont faussés. Je les regarde comme projetés d’un autre crâne. Leurrée. Et quand je me retrouve dans mon corps, là encore il est difficile de ne pas sentir que je vis par contumace. Il faut du temps pour effacer et estomper les formes qui sont miennes dans ces jours maladroits.
Alors je ne marche plus qu’accrochée. Mon visage, méconnaissable masque emprunté de lui-même, de rides neuves, de grimaces, de taches indélébiles me surprend souvent. J’essaye la nouvelle tête de chaque matin. Des fentes des surplis. Je masse d’une huile savante les cicatrices fraiches de cette vie.