je n’entends plus le son de ma voix. elle ne sort plus de ma bouche. elle se dépose sans bruit directement sur le papier. des lettres, des formes, le dessin d’une idée. la feuille me répond, comme un courrier entre moi et moi. je m’écris à moi-même comme je parle toute seule. je ne parle plus je m’écris.
mes phrases sont léchées, mes dents des précis de grammaire, je gomme mes écarts de langage. j’use les buvards pour ne pas me tacher. j’essaie de rester à mon niveau de discussion, de rester au mot à mot. pas d’image, pas d’élucubrations, pas de discours entre moi. et pourtant, quand je m’écoute, je n’y suis presque plus. c’est un livre ennuyeux, qui cherche à s’entendre ou se lit sans langage.le silence de la voix tue la chair de l’écrit. tout est désincarné.