out of Russia
jeudi 10 octobre 2013, par
vient de Russie. pas la seule. je ne sais combien d’enfants de cette génération issus de cette terre ont été adoptés chez nous.
pommettes hautes, regards fendus et presque toujours ce mal de leur pays qui les rend inadaptés.
elle, comme les autres,semble conserver en elle l’espace, l’immensité, un cheval.
coincée serrée dans la case Helvétie qui a feutré sa vie, l’a rendue compacte, indéchirable.
elle vient d’Ukraine, belle jeune femme qui se balance d’avant en arrière et ne s’allume qu’à l’évocation d’un mustang, d’un jurassien, d’un andalou, d’un camarguais... elle les connait tous.
toute son énergie alors se rassemble ; elle monte comme un volcan, tendue vers ces crinières, ce vent qui la rend alors si vivante. ..puis elle s’étiole, traverse mon regard comme des portes sur le vide. elle désinvestit ce corps qui reprend aussitôt sa posture humaine lasse et amorphe.
mais combien cette intelligence, ce savoir détaillé scrupuleux du cheval l’habitent et l’animent
et combien c’est ensuite une angoisse qui se berce, muette, ailleurs.
illustration : grands Camarguais