Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 81

mardi 22 octobre 2013, par Anna Jouy

écrire est-ce alors une sorte d’abus, d’emprunt de rôle, d’un habit trop grand, trop riche- (quand j’étais enfant j’aimais me promener dans les chaussures de ma mère). j’essaie des choses qui ne m’appartiennent pas, me fais mon film.même les poèmes sont des films, au démonté de matières.

mes lectures remontent à la surface de l’eau comme des trous allogènes qui éclosent dans le vide. des bulles d’air.
me hisser dans le langage alors que je ne possède même pas une corde de voix. comédie dont je saisis le principe : cacher le vide , emballement de textes.
leur contenu n’est qu’une singulière enveloppe de chitine verbeuse pour camoufler dur le rien.

à quoi bon revient sans arrêt, imposture écrivaine.
je poursuis ma propre parole. ce que disent les autres me brouille et ne m’importe pas tant que ça : je sais qu’ils sont à leurs propres trousses, comme moi.
littérature, se savoir des autres ou se savoir dans son intégrité originelle ?
je manque d’idées, d’autonomie, de tout. je suis le mot qui s’impose et passe.

en écriture je ferais pareil si j’étais plongée trop dedans. j’imiterais,(plus que de raison dois-je dire) je me laisserais submerger, envahir, j’endosserais la pensée d’un autre, d’une autre, comme une comédienne prête à suivre, à vivre une histoire autre que la sienne.

écrire est une demande d’intégrité, de réalisation ou d’apparition...?
une fibre synthétique, je ne peux pas être autre chose que mon propre mélange.

je sais que les livres entrent simplement comme tous les savoirs dans l’ADN général des humains. il n’y a pas un être qui vient au monde qui ne soit pas déjà habité des découvertes, des progrès, des outils de son temps. ainsi chacun nait de Rimbaud et de toutes les paroles dites déjà.

après reste à savoir s’il est nécessaire vraiment de le dire si fort... hélas

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