Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 83

jeudi 24 octobre 2013, par Anna Jouy

la sagesse des choses, leur patience qui m’effraie aussi. que ne suis-je une des leurs ? sagesse désemplie de la tête, du nuage dans lequel zigzaguent les moucherons du savoir.
ou alors faudrait mieux estimer le reflet dans le miroir et s’accorder le droit de n’être que le sable de l’image, uniquement faits de graines de la Montagne ? verre ou chair pareils.
le lever du jour est plein de questions, des secondes enfilées sur le collier.

il y avait dans la chambre de mes parents une coiffeuse, meuble à deux pans mobiles. je passais beaucoup de temps là, non pas à me contempler,- du moins je ne m’en souviens pas, j’étais trop jeune je crois pour ce genre d’intérêt- mais à poser mon regard sur les effets éternellement profonds de deux miroirs se reflétant entre eux. une profondeur si attractive, à faire rêver et trépigner d’impuissance ! je voyais cette image se répercuter jusqu’à un point extrêmement lointain. en même temps cette perspective, cette enfilade de portes amenait avec elle, un monde en forme de puits sur lequel je ne cessais de me pencher.

et puis une autre zone toute aussi inquiétante m’attirait : plaquer mon œil contre la tranche épaisse de la glace mobile. c’était vert, du verre vert dans lequel il se passait quelque chose d’autre encore et que je croyais être la porte pour entrer dans les portes. ici la moindre lumière dans la chambre prenait des allures de personnages insaisissables. j’étais à la serrure de la chambre interdite, celle des secrets.

pour tout dire, la coiffeuse avait un tiroir bas. l’idéal poste d’observation encore était de me tenir là, tête en bas, déboussolée totale. je me souviens l’avoir fait très souvent. déjà ce goût du miroir ...

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