décembre... les autres années comment faisait-on ? attendait-on sous des couvertures que se calment les froids, que s’estompent les bruits des fêtes. décembre enfant, ce temps qu’on sait n’avoir pas retenu.
dans 50 ans, les questions auront changé. exercice de mélancolie. en regardant certaines images on aura aussi fait ce pas sur le côté ou en arrière, ce changement des angles de la vison. et ce qui était alors le centre du tableau ne sera qu’un détail dans un flou de couleurs.
dans 50 ans, cette chose qui maintenant occupe tant mon esprit, mon être, mon corps, cet amour si nécessaire... ne sera qu’un éclat, un rien dont le monde. la vie en aura la plus totale ignorance.
alors, à quoi bon nous aimer ? à quoi donc nous sert d’aimer si nous ne produisons que ces trous, ces creux, ces vides dans le tissu d’amour ?

il suffira d’une année de mes cendres pour que s’oublie définitivement ma vie et tout ce qui l’a faite.
et dissolu ce centre indivisible aujourd’hui, plus pesant même que saturne et qui ne sera plus, ni lourd ni léger...

"... le bruit de la salle noyait ce qui était en train de se passer. il aurait fallu alors être capable de lire entre les cils, lire même plus en dedans que les lèvres. distinguer en somme ce tracé d’amour, noir violent parfait dans une toile de Pollock. et puis s’y accrocher, s’y tenir.
il n’y a pas d’autre radeau, pas d’autre ponton pour dominer la mer... mais l’endroit, le jour, la vie entière, tout ce qui était autour, loin aussi, ce qui s’appelle le tout universel était si bruyant, si bavard... qu’il était en effet impossible de reconnaitre ce qu’il y avait de désir, là, dans ce seul, cet unique instant qui ne reviendrait plus et qui était déjà entre eux, comme une terrible nostalgie..."