la vie prend des courants d’air, poursuit des fluides, comme le vent peut parfois s’enfuir le long des couloirs et faire claquer là-bas une porte ou une fenêtre.
c’est comme cela que la vie coude aussi dans la rue, que disparait la suite de son histoire et qu’en débute une autre, un détour.

oui, on change de vie sans cesse, pour un mot de traviole, pour une phrase qu’on a laissé sortir de sa bouche, même par inadvertance. et plus rien alors n’est et ne sera comme dans la ligne du film.
ce sont des choses souvent si tranquilles, presque rien, même douces et puis caressantes. du moins, quand on est en train de les vivre, on en ignore la délicieuse importance...
vous avez dit oui, vous avez dit non, vous avez pris cette fois un autre chemin pour rentrer...qu’importe : la vie a des nouveaux atours.

elle vient de vous propulser sur d’autres rails, aiguillages en secrètes agitations.

après on peut s’en souvenir mais le plus souvent on n’en sait rien... combien de fois et dans quels bruits et violences votre wagon a-t-il modifié sa trajectoire ?

et puis ces moments, comme des évidences, monstrueuse intuition, où quelque chose en soi comprend que c’est une dernière fois, une ultime caresse et que cet instant qui est là est celui du basculement.