sortir de cette vie, plane et lisse, disséquée par tous les tuyaux, les canaux, les vaisseaux de mon sang.
en sortir. m’extirper en dégageant mon cou, mes rangs de perles, ma toison aux bigoudis de nuage, comme naître en rentrant dans un autre utérus, plus doux plus sensé, fait de chapitres et de paragraphes, police garamond. glisser par les épaules dans ma légende. enfin mériter mon roman.

accéder à mon histoire la belle, à mon histoire la fameuse, la courtoise, la fleur bleue. atteindre mon drame, cheminer mon poème ainsi, de lui amour à moi amour, l’exception à la règle commune. entrer dans la zone encore vierge de mes contes du dedans et vivre mon propre récit, la vie avec les mots du livre.

j’ai conscience de la trame parfaite de l’unique aventure. enfin je deviens mon personnage. rédiger ainsi chaque scène avec une nouvelle acuité, celle que l’on a quand on veut l’expliquer à d’autres, quand on en a perçu non seulement les faits mais les pensées pareilles, quand il y a dans chaque être croisé, une cause, une conséquence, un effet, un hasard prodigieux dans le sens unique du terme.
ne plus mettre les vies dans les pages mais appliquer sur la vie les termes du récit..

chaque geste aura été une fois dit décrit parlé à giclée d’encre, certes si bien imaginé, alors le faire maintenant avec intensité