ai-je entendu une voix, la mienne, avant ou pendant ce geste d’écrire ? sincérité ?
pourquoi ne pas tricher, faire semblant, ce serait tout comme... pourquoi pas ?

oui, parfois, j’espère d’un appeau de mots soutirer de nouveaux arguments. les mains se mettent autour de mes oreilles. écouter -bien entendu-, mais dans le sens contrarié de la voix, du dehors vers dedans. tâter cette forme en cornet des paroles. chuchotements allogènes dans la province secrète. faire appel ainsi à d’autres idées, comme on tire une pelote mystérieuse et qu’au bout se trouverait un poème...

pourtant je sais bien que l’important est bien moins de dire que de savoir entendre. par périodes, je dois repriser les seuils des transhumances de l’intérieur vers l’ailleurs, libres vers, libre prose.
me suis-je écoutée, du dedans vers le dehors ?

tenir donc ma parole le plus près possible de l’ouïe. rompre avec les intermédiaires. me dire ainsi directement à l’orée de l’entendement.

tricher aussi bien, qu’y a-t-il de vrai, de sincère. qu’y a t-il qui demeure fiable, si je joue ? combien de mes oraisons ne sont là que pour aiguiser les gestes amples du discours ? je prêche.

mais écouter d’abord, avant toute chose, avant de dire, avant d’écrire.
c’est ce qui précède tout écrit, cette capacité d’entendre ma tessiture à la douane du vent. juste avant que cela ne s’enfuie... ne s’échappe pour appartenir à l’imaginaire planétaire.
dévier alors ma voix de ses trajectoires, la canaliser jusqu’aux carpiens des paumes.. ensuite seulement en faire de l’alphabet ou du sanscrit..un fluide tonitruant dans le silence. la pétrifier dans le papier ou la toile..
là où je la sais ne pas pouvoir se diluer, ne pas se dissiper ni dans le temps ni dans l’oubli. il me faut entendre car il ne faudrait pas salir les arbres des gazouillis de fausset