textes de passage ... vibrations
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mercenaire/11
30 juillet 2016
Il fallait chaque matin convertir le rouge en rosée, en sertir les yeux dans les feuilles. Les mots eux-mêmes étaient de terrifiants globules que chassait la lumière. Je voulais tant comprendre Et savoir pourquoi du sang on inventait la malédiction. J’avais perdu la clef des perles, les nacres irisées des levers Et toujours à l’heure du temps, j’ouvrais les planètes de ma race Vides coques brisées J’écrivais des mots qui me tueront une fois (...) -
mercenaire/10
29 juillet 2016
Depuis, je lis les cailloux. C'est le morse confus des mondes. Je tire entre eux des segments à tort et à travers, je m'attelle à l'énigme des tas, des monticules, le grain à grain de l'étendue. Ma vie a cheminé. Une trace rouge, comme un cahier de merveilles et d'ovules, dans la profusion liquide des ratures, je cherche ce que j'ai écrit, mystérieux sans maîtrise, juste le temps qui manipule et tergiverse ici et là ses gouttes vineuses. Le (...) -
mercenaire/9
28 juillet 2016
Cavités de chair, nous autres. Des poches emplies de billes, des sacs de semences de pois de senteurs. Nous, secrètes sécréteuses du suint de vie, exsudant les chevelures des comètes humaines- un en sang enivre jusqu'au plus fort de l'air, l'emplissant de fluides à têtes chercheuses, de secousses et de gerbes-. Nous attisions de nos ventres battant, de nos flancs greniers, les langues du désir. Nous farouches, allumeuses, avides. Nous (...) -
mercenaire/8
27 juillet 2016
La lune passe encore. Elle vient et s'empare de mon quota de rêves. Je lui tends le ruban rouge de mon dernier enfant mort. Il glisse entre mes jambes, dessine la veine du fleuve jusqu'au sol. J'offre sans cesse des gouttes d'humanité, pierres neuves et rouillées déjà. C'est ma dot astrale. La lune passe, derrière noire et profonde soulevée, une jument me ramène au cycle premier. Et tout reprend alors comme un cerisier fleurit grossit et (...) -
mercenaire/7
26 juillet 2016
Des chapelets de lymphes pendent à mes statues. Parsemés de prières, de psaumes secrets. On prie quelqu'un qui passe, une ombre, un regret. On prie l'impensable, les jambes écartées comme des colonnes et le temple au milieu. Nos fils de bracelets emplis de rubis vifs portant leurs enfants en inclusion. Ça leur fait au cœur une ombre qui bat, aortique lapidaire. Le temps est là. C'est presque plus profond encore, dans les écumes roses des (...) -
mercenaire /6
25 juillet 2016
Droit fil de la cendre Label monocorde, une ligne sur le sol, dans les tissus de la poussière. Ce qui tombe de moi désormais est la filasse noire des tisserandes de la fin. Chaque revers. Nous sommes femmes dans les variétés innombrables du spectre. De nous s’effilent les carnations, d’une invisible blancheur à ces émeraudes et opales, du sang à ces fissions bitumeuses, quand tout en nous n’est plus que combustibles morcelés. Je porte en (...) -
mercenaire /5
24 juillet 2016
La nuit me cherche. Je suis le vase à épouser vos contours. De quoi d’autre pourrait-il être question, la nuit est une onde. Il n’y a pour cette encre que la forme qu’elle envahit. Mais le fleuve de mes enfants morts s’écoule. La main dedans n’en retient rien. On dirait un buisson dressé qui demeure tandis que je ne cesse de fuir, jamais arrêtée et butant, sans cesse, à ce fétu de lumière. Des algues rouges lèchent les souches- des algues et (...) -
mercenaire/4
23 juillet 2016
Car je ne fus pas nourrie à des seins silencieux, ma langue perfore des membranes, une langue vêtue d’un étui galactique et cette pointe de compas quand les hommes cherchent encore leurs échasses.Une langue luxée... Je ne glisse en ma bouche que ces syllabes expulsées des saillies. Je ne glisse. Ma voix féconde alors des cortèges et les fanions rusés qui jalonnent le vent. Ces bruits, c’est la vie qui manifeste. Et se déclare. Elle pousse (...) -
mercenaire/3
22 juillet 2016
Dans le ventre gibecière, j’ai mis à lever les pierres, comme des pains, de cette même farine blanche, magnésie de poussière. J’entre parfois dans l’étuve, voir comme les fils deviennent abrupts, tenant vers le ciel ce doigt ridé de la guerre. J’ai chassé des fluides rouges, des muqueuses désirables inondées à la mousson par les pirogues amantes. J’ai chassé le courant, je ne songeais qu’à des liqueurs fontaines. Mais le courant dévore le mystère (...) -
mercenaire /2
19 juillet 2016
Il me faut ralentir l’amour, décomposer le pas comme on décortique des amandes et des noix. Avec une lenteur qui craque et brise. L’amour a une écorce toute ravagée de sillons. On dirait l’approche d’un semis avec des corneilles autour et lentement, je marche faisant voler mon sac de jeunes ovules, des poignées rouges à balancer comme un nuage d’yeux à la face du chemin. Je ne me prive d’aucun crime, j’ai derrière moi une traine (...)