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journal de l’aube 145

jeudi 2 janvier 2014, par Anna Jouy

lève la tête. près des ampoules. le ciel ressemble à un coup de feu jaune dans la cervelle. mes yeux, petits poissons de lumière profonde, frétillent et j’écoute battre les nageoires du soleil artificiel. j’ai au-dessus du crâne le phare des insomnies, un tunnel de coton carmin tentant de percer mon récif. il y parvient. ça fait vite des bouillons fondus, des idées d’écume, pétards excitant la nuit.
mes paupières lourdes, cosses du sommeil, puis fendues et ses graines de vivres en sus. le reste, le reste peut attendre. je mourrai un autre jour, qui sait.

à cette heure sans but, heure errante s’il en est, d’où ne vient aucune alarme, aucune injonction si ce n’est celle de l’encre, je ne voudrais jamais avoir d’autre choix à dire qu’un peu d’amour et un poème remontant mes cuisses. le frottement précis de la matière et du lexique lumineux de l’extase.
je voudrais qu’il y ait dans ce rite matinal, celui des remises à l’amour et que l’offertoire se joue toujours d’une élévation du soupir. mettre chair au labour du jour. " travaille, dis, travaille ton amour aussi..!" il manque à ma dignité d’être ouvrière de mon sang. exercices, efforts sur tant d’autres inutiles et ce monstre restant à l’état brut... glaise sous un drap humide. ici se cache l’amour. le tour de lumière ne lui sert à rien. c’est un tas sans vase. aube propre.

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