hors chants
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3 janvier 2017
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conte de la nouvelle année : La guerre des religions
1er janvier 2017
Quatre enfants se partageaient l’amour de leur père. Quatre d’un même sang, d’une identique race née du désert, la terre qui apprend à celui qui vient au monde qu’il est sacré parmi la vie sacrée. Ce père était berger et nomade. Il con-naissait les points d’eau, les étendues d’herbe autour. Il connaissait les bêtes, les insectes, les bienfaits et les maux de l’existence. Son regard clair et son corps maigre et osseux était agile et souple. Sur lui, (...)
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optique
29 décembre 2016
il y a deux côtés aux jumelles, l'approche et l'éloignement. repousser la vue agrandit la chambre. s'approcher évase la nuit. il n'y a pas de lentille adaptée pour le poète, aveugle dans l'espace ordinaire. mais qu'il se retire ou s'avance, alors il voit, comme l'océan traverse le sable sous les tours de molette de la lune.
le monde, étroite pupille, à bout portant de falot, je regarde passer le lointain dans l’œil d'une seringue, un (...)
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prescient
22 décembre 2016
tu savais tout. tes mots marchaient devant toi, un galop de bestioles ouvrant ta route
tu savais mon âge, mon mal sans le connaitre. tu savais le salon de campagne où tu serais mal reçu, le silence du père rasant les coupes du tonneau. tu savais que j'essayerais mon sourire comme une robe trop grande pour ma joie
dans le temps où tu marchais encore à la chair humaine, tu venais en attelage de poèmes, m'ignorant mais si certain, comme le (...)
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trop tard
18 décembre 2016
trop tard pour mes activités gastronomes, le cavaillon de la lune m'est passé sous la main. me reste la faim, quelques pholiotes aux pieds friables, une litée de petits moines blancs et givrés sous la fenêtre et la couvée de merises du miroir.
le soleil me matrice avec force dans l'ordinaire dimanche d'un pouce vert et blanc. un ascendant d'hypnose qui dresse ma perruque électrique au mitan du ciel. levée tardive.
j'ai sauté la préface du (...)
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lune femme
15 décembre 2016
il faut cambrer les reins, comme on plie l'acier du ressort de la peur
cambrer qui n'est pas arquer principe mâle et sagittaire
et dans la voûte ronde d'une église romane, le plein-cintre soumis au céleste avenir
il reste quelques ogives croisées sous les seins, du ruban dentelle, tuf spongieux de navires. une mérule dort dans la nef des hanches
on avance à l'écope, jetant par-dessus bord la mer toute
sac de vagues et d'alarmes
cambrer (...)
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avant l’insomnie
12 décembre 2016
Alors vient la nuit où parquer la lune dans une zone bleue
Dans leurs paniers de nuages s’endorment aussi le chien et l’ourse polaire
Le store tranche ses zestes de lumière
Je me dépose aux rayonnages des invendus.
Chaque lueur me disjoint mais je réclame le bien-être d’un corps traversé de rayons
Chemin de fers ou gare de triage,
Perles ou cailloux sur la poitrine nue de la chambre.
Mon sarrau baille sur les jambes, des miettes et des (...)
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actualités
10 décembre 2016
le matin déménage mon âme dans son chariot, tireur d'élite.
j'ai fait en vitesse de l'obscur des paquets sans ficelle
tandis que tombe la neige des transistors
je scintille un morse d'épingles froides, à lire dans le marc de café.
j'ai attendu que passe le premier souffle, crissant vrombi d'un passereau.
on m'a dit que je ne rentrerais pas chez moi car il y a du verglas.
j'entendis sonner la mort du poème.
le matin déménage mon âme (...)
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Terre
7 décembre 2016
...La première fois que je te vis, j’étais donc la mousse et l’essence qui ne connait pas la rivière et pas non plus cette source qui lui tient lieu de naissance. J’étais une enfant et toi déjà tu dominais mon corps. Écrasant et fougueux, tu avais enroulé ton manteau autour de tes bras et tu t’es couché contre moi. Jamais je n’avais senti l’odeur humaine. L’odeur de farine et d’encre d’un homme dont l’âme est faite de jour et de nuit et non de (...)
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au revers
5 décembre 2016
Dans la nuit, l'autre ombre, celle que les fenêtres allumées laissent sur la route, touchées par la grâce. elles déposent leurs âmes de verre rectilignes à mes pieds. je passe ainsi à la cloche, sur des nuits et des jours, comme des cercueils livides alignés sur le sol. et dans chaque pâleur merveilleuse, mon ombre nègre écrit l'humaine statue de ceux qui marchent encore.
c'est une nappe sans festin, de carreaux tendus, l'invitation à un (...)