livre des suites
-
pluie
11 novembre 2013
le bruit de friture d'un peu de pluie sur le métal de la barrière et puis le sol.
on peut rester des plombes à tenter d'en percevoir les notes.
pourtant bien sûr, tout pourrait se traduire dans des portées singulières. et ta voix pareille, tout pareil, une partition que je modulerais moi-même.
je mettrais tes mots et cette inflexion et le léger grès de ta gorge..là entre mon instrument.
tu chanterais ou mieux tu dirais alors des mots que (...)
-
film
9 novembre 2013
film
de passage, une vie dans ma chambre. raccourcis détours.cinéma
en quelques images, des esprits, des histoires, de l'existence qu'on comprendrait mieux que la sienne.
une fille. quel âge ? je n'en sais rien. jeune belle sans le savoir, -qui sait ça quand il grandit dans l'étonnement ?-les autres, les éclatantes, ont des romans trop bien tracés pour le risque, pour l'essai, pour le désir tout bêtement.
elle ne sait rien, elle vit. (...)
-
une histoire si vraie
7 novembre 2013
ce soir, pourquoi..je n'en sais rien, une qualité noire du silence peut-être mais la revoilà, la douleur, la revoilà cette réminiscence de malheur, la pensée qui traverse l'espace et se fiche au centre de qui j'ai aimé, de ce sentiment qui ne demandait rien d'autre qu'une poignée de rires, d'idées ou de chants, la fragile célébration de la vie, drôle ou triste. y avait-il quelque chose d'autre ? bien sûr que non, mais ce frôlement parfait des (...)
-
boîte de réception
5 novembre 2013
ces repas pris sur la rampe. les moments de mesurer la faim en métrages d'attente.. des restes des bribes des cuillerées de lumière avant la clôture des yeux.
dégustations à l'aveugle, ivresse aléatoire.
nourriture simple tangible. et après ? les restes ne sont pas toujours des mauvais plats. je savoure des recettes imaginaires. l'assiette froide devant moi, je picore l'or épique des festins. et ça chuinte autant des fleuves de salive que (...)
-
des restes
4 novembre 2013
ce n'est qu'un peu d'amour, des restes sur la table.
demain de la neige peut-être.
constellation de miettes des saveurs de bouches. ma main disperse les fantômes du pain, j'évente la faim en passant les fenêtres.
demain de la neige peut-être.
ce n'est qu'un instant qui rebrousse les chemins, que le bruit ou le silence, cette ramée derrière qui porte des écumes.
demain de la neige peut-être.
qu'un esprit qui bat les portes, jeu de cartes (...)
-
départir
2 novembre 2013
quelque chose de triste accompagne les rencontres, une impression de voir s'envoler des rêveries, des fictions et de mettre les attentes dans des cadres neufs.
les gens ne sont guère ce qu'ils offrent, décalés eux aussi, comme soudain dépliés, dans un cahier autre.
roman retaillé dans le réel, avec des traces de cambouis.
il faut tirer le doigt sur les traces. estompe des amitiés diluant l'éphéméride et ses feuilles mortes, tombes de vent. (...)
-
voyage
27 octobre 2013
le soleil sur cette route. je marche. une invitation. cela va me prendre 3 heures en pleine solitude et dans la nature. c'est un printemps resplendissant. il est mort il y a presque 5 jours, je l'ai appris hier, alors qu'on allait l'enterrer. très loin de moi, dans la France, encore après Villefranche de Rouergue. je marche et cette sensation que lui ayant quitté cette terre, j'y étais devenue moi aussi étrangère...cela se passe et je (...)
-
avant la nuit
25 octobre 2013
cette sensation de devoir me replier. champ de guerre
mais plier à nouveau aussi. torchonner même.
insatisfactions minuscules, inadéquations
ces détails qui dés-harmonisent l'image. peinture presque réussie mais un trait ou deux de trop, une couleur qui chie dans un coin et il faudrait passer la térébenthine, laver, redresser la toile. tout reprendre ou détruire
échapper à l'écrit. m'en aller, défaire. brûler.
je rentre avec le noir la (...)
-
tête de fers
23 octobre 2013
lecture
je coupe les cheveux de mon âme, les anges ne sont plus d'accord pour mes boucles et mes noeuds coulants.
je le fais à la grosse cisaille. ils sont durs comme des roseaux qui s'inventeraient un étang. il faut appuyer fort, serrer ensemble, joindre les mains comme si l'on voulait prier et attendre ce craquement lugubre des lames.
c'est toujours une image terrible que celle de ces femmes saules qu'on tond sur les minables places des (...)
-
cueillette
21 octobre 2013
tablier amer
décoction de lin repu de fiel, la bile de mon récit ronge l'imaginaire du monde
paroles profanées, comme des pommes oubliées au verger
rouges savoirs de l'arbre
boucles de chair aux oreilles du vent
j'ouvre large ma jupe et ses évents je la lève jusqu'au soleil jusqu'à la pluie
cabane ronde de jus, de suc, de déluges revenus aux racines de lumière
c'est le tissage tribale des poutres et des paillées
mensonges et discordes (...)